A+282 Village
Février Mars 2020
Édito
Lisa De Visscher - Rédactrice-en-chef
« We zijn onze dorpen in ijltempo aan het verknoeien » (Nous gâchons nos villages à toute vitesse), titrait De Standaard à la fin de l’année dernière. À présent que les tentacules des agglomérations en ruban, lotissements et habitations en infraction avec le plan de secteur ont lentement embrassé et étouffé l’espace ouvert, les centres des villages doivent se réinventer. Les bâtiments phares des centres des villages sont sacrifiés sur l’autel de la densification pour céder la place à de banals appartements. Avec pour conséquence la perte de l’identité villageoise. Même si l’« identité » et le « caractère villageois » sont des concepts vagues et souvent galvaudés.
Qu’est-ce qu’un village, en réalité ? « Lorsque nous parlons de villages, nous visons toute la palette existante », écrit Edith Wouters dans ce numéro, dans le cadre de l’étude qu’elle effectue avec Ar-tur pour le Kempenlab Dorpsarchitectuur. « Le hameau qu’on déserte ou le village autour d’une église, le village avec une valeur de plaque tournante et présentant des opportunités de développement, le village vivant et autonome ayant peu de valeur en tant que plaque tournante, et, depuis peu, le village urbanisé. Ces nuances contextuelles sont pourtant indispensables. La connexion au caractère villageois, l’intégration minutieuse dans l’environnement, la possibilité d’être reconnaissable et la familiarité semblent être des points de départ essentiels pour une architecture villageoise de qualité. »
Chaque village est particulier et requiert dès lors du sur-mesure, même si les problématiques sont similaires. La plupart des villages sont aux prises avec les problématiques de densification, de mobilité et le manque cruel d’emplois. Souvent, ils manquent d’un véritable centre et les églises se vident tandis que les cafés, magasins locaux et autres équipements ferment les uns après les autres. Tous ces lieux qui, justement, forgent les communautés villageoises. Pour retrouver ce sentiment de communauté, au-delà d’une politique misant sur les associations locales, la mobilité douce et un master-plan prévoyant, il faut aussi des bâtiments aptes à redonner au village une identité. Il s’agit souvent de petits projets tels qu’une école, un centre de rencontre, un espace de coworking ou simplement le réaménagement d’une place centrale.
Des missions simples, à première vue, mais elles relèvent en réalité de la microchirurgie. Une intervention prudente qui tient compte des particularités sensibles du paysage et de l’endroit. Vu l’échelle restreinte d’un village, on ne dispose que d’une seule chance. En cas d’échec, c’est tout le village qu’on « sabote ». Mais qui évalue le projet, et comment ? De quelles typologies un village a-t-il besoin ? Les critères d’évaluation d’un projet sont-ils les mêmes dans un contexte villageois ou urbain ? Pour faire ces évaluations, les fonctionnaires communaux manquent souvent d’instruments adéquats.
Et cela commence dès la formation. Pendant des années, les étudiants en architecture et urbanisme se penchent sur toutes sortes de problématiques dans un contexte urbain. Pourtant, la moitié de la population du pays ne vit pas dans les villes et ne l’envisage même pas. Dans la pratique, on ressent un grand besoin de savoir comment aborder la structure d’un village, l’insérer dans le tissu existant, et de connaître les typologies qui fonctionnent ou dysfonctionnent. Entre-temps, plusieurs formations en architecture – La Cambre, KULeuven, Uliège – proposent des ateliers de projet spécifiquement axés sur la problématique des villages.
Entre-temps, plusieurs administrations communales et organismes actifs dans le domaine de l’architecture mettent également la main à la pâte. Lommel, Olen et Nijlen, par exemple, se sont déjà dotés d’un plan de qualité paysagère et urbanistique et les communes des cantons de l’Est (Ostbelgien) se sont regroupées pour solliciter l’aide d’experts. De plus en plus d’habitants prennent eux aussi les choses en main et réalisent des projets de qualité dans le cadre d’initiatives bottom-up, comme le pointait De Standaard, à Munkzwalm. Dans un pays où la nébuleuse urbaine gagne du terrain, le village retrouve un visage.
Sommaire
Right of reply
Chantal Dassonville
Editorial
Lisa De Visscher
Opinion
The village between identity and change Leo Van Broeck
Agenda
In memoriam Juliaan Lampens Christophe Van Gerrewey
Atelier Scheldeman Eline Dehullu
JDMA Lisa De Visscher
Mamout Lara Molino
Guide d’architecture moderne et contemporaine Namur-Luxembourg Charlotte Lheureux
Dorpen na de betonstop Michael Ryckewaert
Village
Studio Thys Vermeulen, Town hall extension, Langemark Caroline Voet
he-architectes & Georges-Éric Lantair, La Berle, Berloz Elodie Degavre
Life in the Walloon countryside Norbert Nelles
Graux & Baeyens, House BS, Dikkelvenne Gitte Van den Bergh
AHA, Ulysse, Tournai Aslı Çiçek
Happel Cornelisse Verhoeven, De Blokskens, Zandhoven Sara Vermeulen
An architectural idiom for villages Edith Wouters and Evelien Pieters
Bouwmeester Scan Kristine Verachtert
Raamwerk, Youth meeting centre, Lichtervelde Eline Dehullu
I.R.A, Primary school, Vierset Guillaume Vanneste
Hart Berteloot, Crèche, Habay-la-Neuve François Gena
Murmuur, De Hoge Mote, Ronse Pieter T’Jonck
BoerenBruxselPaysans Lene De Vrieze and Bram Vandemoortel
Interview
Monadnock Pieter T’Jonck
Product news Viviane Eeman
Student
Ugly village Eline Dehullu
Malempré Lisa De Visscher
Tourism and architecture Hubert Lionnez
#005 Michiel De Cleen


