Édito

Lisa De Visscher (A+), Stefan Devoldere (UHasselt), Peggy Totté (Architectuurwijzer)

De nombreux Belges habitent dans des villas quatre façades en dehors de la ville. À partir des années 1950, c’est en effet un mouvement qui a été fortement stimulé par les pouvoirs publics belges, avec pour conséquence visible une région de plus en plus fragmentée et embourbée. Depuis, les pouvoirs publics ont modifié leur approche. Depuis deux décennies, chaque plan d’aménagement du territoire nous pousse au regroupement de l’habitat dans des lieux facilement accessibles. Si c’en est fini des lotissements de fermettes, trouver des logements abordables et confortables en ville s’avère de plus en plus difficile.

Le moment semble venu d’adapter notre rêve d’habitat et de construire un nouvel idéal alliant accessibilité, famille et espaces extérieurs. La collectivité peut être une des clés de la solution, que ce soit au niveau du type d’habitat ou de la production et la gestion. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Quels sont les espaces à partager ou pas ?  Faut-il réduire nos surfaces d’habitation ? Comment les habitants s’organisent-ils ? Et quel rôle les architectes et habitants jouent-ils dans ce genre de processus de création participatif ? Pouvons-nous déjà parler d’une nouvelle architecture collective ? Autant de questions qui ont amené Architectuurwijzer, une association culturelle limbourgeoise dédiée à l’architecture, à cartographier l’habitat collectif en Flandres et à Bruxelles. Résultat : l’exposition « Housing Apart Together » à C-mine à Genk et au STAM à Gand, ainsi que ce numéro thématique en collaboration avec A+ et l’Université de Hasselt.

Nous sommes partis à la recherche d’exemples vertueux de projets d’habitat collectif dans un pays où c’est loin d’être la tradition. Si dans le cadre de l’architecture religieuse, on trouve des couvents et des béguinages où les nonnes et les béguines partageaient leur lieu de vie, et si à la campagne, la cohabitation de plusieurs générations à la ferme a longtemps été la norme, au-delà d’un bref sursaut avec les cités-jardins Le Logis et Floréal à Bruxelles dans les années 1920, l’histoire ne regorge pas d’exemples du genre.

On ne peut d’ailleurs pas dire que ce thème recueille beaucoup d’enthousiasme parmi la population. Un récent sondage publié dans un rapport consacré à l’espace en Flandres nous révèle qu’à peine 33% des personnes interrogées envisageraient de partager un atelier ou un lieu de travail, ce chiffre tombant à 26% pour une buanderie et 23% pour un jardin. Les gens ne veulent pas partager leur maison de peur de perdre leur intimité, de devoir partager les responsabilités, d’être obligés de faire des compromis et de manquer de flexibilité. Les architectes sont pourtant très créatifs lorsqu’il s’agit de concevoir de nouveaux modèles d’habitat collectif, mais ce n’est pas pour autant que les commanditaires ou les habitants sont convaincus. Cette résistance, si elle est compréhensible, n’est pas nécessairement fondée.

Ce numéro rassemble des projets d’habitat récemment réalisés ou conçus pouvant d’ores et déjà apporter des réponses aux questions qui font actuellement obstacle à un changement de mentalité à grande échelle. Il s’agit à la fois des nouveaux habitats superposés ou regroupés et de la rénovation de bâtiments existants, en ville comme dans les villages. Les habitants apprécient avant tout disposer d’un grand espace collectif extérieur permettant de s’isoler ou de se rassembler pour faire une pause, partager un repas, jouer ou jardiner. Les escaliers et couloirs s’avèrent être des espaces extérieurs supplémentaires utilisables. À l’intérieur, on partage une buanderie, un local à vélos, une salle polyvalente, un grenier aménagé en salle de jeu, un séjour ou une cuisine. Bref, on voit émerger une nouvelle forme de « vivre-ensemble » laissant suffisamment de place à l’intimité et où les habitants peuvent souvent profiter d’un luxe partagé ou du confort pratique lié à la répartition des tâches… Un nouveau départ pour un habitat de rêve différent.

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Sommaire

Editorial Lisa De Visscher, Stefan Devoldere, Peggy Totté

Opinion
Housing block: the helplessness to design the collective Erik Wieërs

Projects
Collectief Noord, De Drukkerij, Antwerp Gitte Van den Bergh
Wim Depuydt, Cohousing dsDS, Ghent Joep Gosen
Havana, De Schilders, Sint-Amandsberg Guy Châtel
stekke + fraas, Brutopia, Forest Peggy Totté
mvc – anno, Hof Ter Beemt, Zingem Sara Vermeulen
Denc!-studio – blaf, Waasland, Sint-Niklaas Gitte Van den Bergh
ectv, Jean, Sint-Amandsberg Jolien Naeyaert
URA, ’t Wisselspoor, Leuven Lisa De Visscher
Trans – MS-A – V+, Dockside, Molenbeek Pieter T’Jonck
Epoc, Tivoli, Laeken Véronique Boone
Bovenbouw, Zilverlaan, Ostend Stefan Devoldere

Photo essay Brecht Van Maele

Subjects
Collective housing as urban building stones Glenn Lyppens
Cohousing without community? Ruth Soenen
Cohousing: architects as programme and process directors? Pieter T’Jonck
Re-allotment dialogues Oswald Devisch, Barbara Roosen and Liesbeth Huybrechts
Cooperative and innovative dwellings in Zurich Peggy Totté

Interview
EM2N Lisa De Visscher

Cette publication parait dans le cadre de l’exposition Housing Apart Together – Nouvelles formes de logements collectifs en Flandre.

En collaboration avec UHasselt et Architectuurwijzer

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