Actions intuitives

En 2019, A+ Architecture in Belgium et Bozar organisent ensemble une nouvelle série d’expositions consacrées aux bureaux d’architecture belges qui ont recueilli l’attention de la scène internationale ces dernières années. La première exposition est dédiée au travail du bureau gantois Dierendonckblancke au Foyer de Bozar à Bruxelles. L’exposition s’intitule « Praxis », terme venant du grec ancien qui signifie « agir », « action » ou « exécution ».
Ce simple terme dit tout ce qu’Alexander Dierendonck et Isabelle Blancke veulent exprimer par leur première exposition monographique qui présente vingt projets exécutés ou en chantier entre 2007 et aujourd’hui. Même s’il n’y a pas de hiérarchie spécifique entre les projets, quelques règles sont rigoureusement appliquées : les échelles des projets exposés côte à côte changent en permanence de manière à créer une coupe horizontale dans la production ; aucun projet n’attire particulièrement l’attention. Dierendonck et Blancke prennent la plupart de leurs décisions scénographiques de manière intuitive : les maquettes contextuelles et topographiques sont exposées sur des socles massifs tandis que celles réalisées à plus grande échelle, qui permettent d’entrevoir des intérieurs soigneusement élaborés, semblent plutôt flotter sur de minces plaques posées sur des pieds délicats.
Bien qu’essentiellement silencieuse et conçue de manière non hiérarchique, la scénographie possède un autre niveau de lecture qui comptait beaucoup aux yeux des architectes. Spécialement pour l’exposition, ils ont demandé au photographe Filip Dujardin de poser son regard sur les projets. En réponse à cette demande, Dujardin est arrivé avec des images en mouvement : il a réalisé quatre courts métrages dans quatre différents bâtiments, en se concentrant sur la manière dont les habitants les utilisent au quotidien. La caméra de Dujardin ne bouge pas mais enregistre les mouvements à partir de cinq points de vue fixes dans chaque bâtiment. En résultent cinq images en mouvement dans des vues cadrées, et l’addition de ces images les unes aux autres produit les films. Le Gielsbos, House Twaalfkameren, l’école primaire De Tol et le centre communautaire de Kasterlee sont les scènes respectives de ces films.