Un espace où on respire
Dhooge & Meganck, Astrids Blauw, Gand

Près de la gare de Gand Saint-Pierre, le bureau Dhooge & Meganck Architectuur transforme une belle maison de maître tournée sur elle-même en une habitation baignée de lumière et bénéficiant de nombreuses vues. Là où se trouvait un ensemble complexe de petites pièces, le bureau a construit une seule pièce de deux étages de haut, orientée vers le jardin. Par cette intervention, il réoriente l’intérieur de l’habitation et réussit à créer un lien avec la végétation environnante.
Cette pièce ouvre l’habitation sur toute la largeur de la façade sud. Si elle sert principalement de cuisine et de salle à manger, elle est bien plus que cela. Elle crée davantage d’espace de vie au rez-de-chaussée – à côté de l’espace professionnel, où c’est plutôt bienvenu. Elle réétalonne toute l’habitation. Comme elle est très haute, elle transforme l’ancienne façade arrière en façade intermédiaire. De la chambre, les habitants ont vue sur une composition d’ouvertures existantes et nouvellement créées, qui façonnent la connexion avec les autres pièces. Bien que la cage d’escalier ne fasse pas partie de la pièce, elle a son importance dans l’agencement et la circulation. Dhooge & Meganck exploite les paliers en véritables points de repos, avec des vues diversifiées. Le palier du deuxième étage se voit doté d’un balcon surplombant la pièce, autour duquel le plafond s’enroule généreusement. Du balcon, on peut prendre part à la vie qui se déroule en bas, tout en restant dans son cocon. Ce balcon tend vers une fenêtre ronde très présente, sans toutefois l’atteindre. Même s’il est moins épuré que le coin salon en encorbellement dont il est inspiré – celui de la Haus Beer, villa conçue à Vienne par Josef Frank –, le balcon offre un moment d’introspection.
L’extension optimise la connexion entre l’intérieur et l’extérieur. De la salle à manger, les habitants descendent vers la terrasse et le jardin, avant d’aboutir à une parcelle en contrebas, une cour anglaise au sol non minéralisé. Elle donne également une façade au sous-sol, et crée un espace de vie à part entière pour la pièce qui se situe derrière. Le reste de la façade est conçu de façon limpide, pour contrebalancer la sophistication de la façade avant et l’éclectisme du lieu où se trouve la maison, entre divers types de constructions. Un geste totalement intentionnel des architectes : « La façade se compose de deux lignes de vitrages tendues entre les limites de la parcelle. Elle a quelque chose de technique, notamment par ses détails et par la protection solaire qui se déploie ». Avec son ressaut dans le haut, la façade n’a rien d’un aplat rectangulaire. La fenêtre ronde y est très présente, pour compenser par son originalité le jeu des lignes.
Si morphologiquement, l’extension est très différente du bâtiment existant, on trouve incontestablement de nombreux liens dans leurs finitions respectives. « L’extension que nous avons conçue n’est pas en rupture radicale avec l’habitation, mais en harmonie avec elle, dans une autre sorte de langage. » Le bureau y a repris de manière ciblée quelques éléments, pour faire écho à ce qui préexistait. Cela s’exprime dans des motifs et des coloris récurrents, basés sur une teinte caractéristique : le bleu de la porte d’entrée. Le bureau l’utilise comme une sorte de leitmotiv, en dialogue avec le contexte. Quand le soleil brille, toute la pièce s’illumine d’un halo bleu provenant de l’ombre des stores et du reflet du carrelage. Les boiseries peintes mélangent ce bleu aux teintes rouges des peintures des plafonds dans les pièces d’origine. Cette palette de couleurs se prolonge dans toute l’habitation. Dans les pièces d’origine, les architectes ont mêlé les couleurs présentes à la couleur de base. Et même si cela confère aux pièces des aspects très différents, elles sont thématiquement étroitement liées.
La pièce entre le jardin et la maison est une intervention simple en apparence. Toutefois, par l’originalité des finitions et la singularité des accents, Dhooge & Meganck transcende le caractère anecdotique de la typologie. Bien que la pièce ne soit pas au centre de la maison de maître, elle en est indéniablement le nouvel axe.
