Publié le 23.02.2022 | Texte: Edith Wouters | Photos: Olmo Peeters

A+294 Back to Brick

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Rythmée par la rue, la façade en brique semble se conformer aux maisons mitoyennes génériques. À moins que ce ne soit qu’une impression ? Derrière l’enveloppe extérieure, au milieu de cette habitation collective particulière située à Louvain, le bureau Carton123 architecten a laissé libre la quasi-totalité de l’espace d’une maison entière, de la façade avant à la façade arrière et sur toute la hauteur, jusqu’à la toiture en bâtière. Pourtant, on trouve quatre maisons à cet endroit où le code de construction en vigueur n’en autoriserait en principe que trois.

Sofie et David, parents de quatre enfants, ont pris l’initiative d’impliquer dans leur projet An et Ludo (les parents de Sophie), Peter (son frère), de même que Sarah (sœur de David) et ses trois enfants. Les architectes ont donc conçu cette habitation pour une « famille étendue », terme issu de l’anthropologie culturelle pour désigner une famille nucléaire complétée par d’autres membres de la famille. Les quatre ménages ne partagent pas d’espaces de vie, mais bien un jardin commun et une rue intérieure, une buanderie et des rangements en sous-sol. Comme ils ne partagent pas d’espaces de vie, il s’agit ici – selon la définition de la province du Brabant flamand – d’un co-habitat, et pas de « co-housing ». Pour parvenir à combiner le co-habitat et la rue intérieure, les architectes ont joué en plan et en coupe avec quatre types d’habitats : un duplex en partie enterré avec patio et quatre chambres à coucher, une habitation au rez-de-chaussée adaptée aux évolutions de la vie, un duplex au niveau 1 et un appartement plus traditionnel.

Pour les architectes, le choix d’une peau en brique était presque une évidence. « Si on avait opté pour un autre matériau, ce projet aurait dénoté dans son environnement, estiment Joost et Els de Carton123. Cette maison collective opère déjà un saut d’échelle notable parmi les étroites maisons mitoyennes de la rue, majoritairement en brique. » Il y avait suffisamment d’autres raisons pour lesquelles le voisinage aurait pu contester le bâtiment. Quod non. Les enfants du quartier utilisent abondamment le passage pour aller jouer dans le domaine collectif de leurs petits camarades qui habitent sur place, tandis que leurs parents en profitent pour papoter quelques instants dans le généreux espace couvert.

Au-delà de l’enveloppe externe capable d’encaisser quelques petits coups, la brique permet de réaliser des murs autoporteurs d’une brique, par exemple pour la façade avant de la maison « vide » où un mur creux n’est pas nécessaire. La brique offre en outre une solution élégante pour la transition entre la balustrade de la terrasse située derrière la façade avant et l’enveloppe de la façade de la rue intérieure située en dessous.

La pluie, le soleil et le chant des oiseaux entrent à pleine volée dans la maison vide, dont toutes les baies de fenêtre et la toiture sont restées ouvertes. La combinaison de brique rouge, de poutres roses en béton, de dalles en béton de la même couleur pour les terrasses à l’étage, le placage bois des panneaux de toiture et les balustrades en métal confèrent à la rue intérieure un caractère intime. Bien à l’abri derrière la peau en brique, le petit balcon de Sarah permet de s’installer pour lire au soleil, appeler les enfants ou échanger quelques mots avec les passants. Grâce à l’ingénieux puzzle en 3D du projet, les habitants des maisons individuelles bénéficient de tout un réseau de liens visuels diagonaux : vers la rue et le jardin, vers la rue intérieure partagée, et entre les habitations elles-mêmes via les patios, les terrasses et la rue intérieure.

Toujours selon la définition du co-habitat, les parties communes invitent à une co-utilisation intentionnelle ainsi qu’au partage des installations et des activités. L’espace extérieur couvert de la maison vide laisse également de l’espace pour accéder à chacune des habitations et pour les rencontres fortuites. La terrasse partagée située à l’étage bénéficiera à l’avenir de l’ombre d’un arbre qui sera bientôt planté. Conformément aux prescriptions du permis d’environnement, l’espace couvert situé en dessous n’est pas utilisé comme parking pour voitures, mais doit servir à l’organisation de petites fêtes de famille. Pour l’instant, en attendant l’abri à vélos prévu dans le jardin, c’est là qu’on range les bicyclettes ! Un écran de verdure palissé est également prévu, cette fois pas sur de la brique, mais sur une couche de plâtre au-dessus de la légère structure en acier devant le bâtiment arrière, qui est moins haut.

Les habitants ont choisi d’un commun accord Jan Minne pour l’aménagement d’un jardin sauvage. Entre-temps, ce jardin partagé améliore déjà la qualité de la zone intérieure de l’îlot. Les limites des jardins à gauche et à droite du projet et les jardins tout en longueur de la rue transversale située un peu plus loin sont plutôt floues à certains endroits. La maison vide transparente permet en tout cas au voisinage de profiter lui aussi de la verdure. Et c’est précisément ce qu’il faut dans un environnement où l’habitat ne cesse de se densifier : de l’espace vert et ouvert de qualité, qui crée de l’équilibre dans l’espace construit.

[…]

Architect Carton123 architecten
Website carton123.be
Project name Korbeek Winners

Location Leuven
Programme A new house for 4 families
Procedure Direct commission
Client Private

Structural engineering Lambda-max
Lead contractor Easy Bouw
Completion November 2020

Total floor area 735 m2
Budget € 1,160,000 (excl. VAT and fees)
Product / Supplier Reynaers (windows) Heylen Ceramics (bricks)

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