Pavillon de lumière

Depuis les années 1950, la périphérie verte autour de Bruges est devenue le terrain de jeu par excellence d’une nouvelle génération d’architectes modernistes. Tandis que la population en plein essor cherchait des terrains non bâtis, ces architectes ont vu là une opportunité d’exprimer leur nouvel art de construire. Dans une des habitations qui en fut le fruit – un bungalow en bois goudronné en noir signé Jacques Pêtre et Jan Tanghe –, réside une artiste qui crée des vitraux au plomb. Elle souhaitait agrandir la maison de son enfance pour y héberger son atelier. Dans le même esprit qu’une maison de plain-pied, le bureau brugeois Studio mxmxm a conçu pour elle un pavillon autonome qui ne manque pas d’y faire référence.

En substance, l’habitation est un auvent soutenu par 10 minces colonnes d’acier entre lesquelles sont positionnés des murs non porteurs selon une grille de 1,12 sur 1,12 mètre. La façade se compose de grandes fenêtres donnant sur un jardin à la végétation dense et sur les panneaux noirs en bois goudronné. Juste à côté de l’habitation se trouve l’atelier qui, quoiqu’enfoncé plus profondément dans la verdure, reste tout de même vaguement visible de la rue. C’est un volume simple, à l’instar de l’habitation. Comme Pêtre et Tanghe l’ont fait 70 ans plus tôt, Studio mxmxm a imaginé un projet alliant structure et architecture. Dans les deux bâtiments, le toit constitue la principale limite. Si d’un point de vue constructif, ces bâtiments sont conçus différemment, ils partagent toutefois un penchant pour la logique. Dans l’atelier, cela se traduit par une structure préfabriquée de 4 façades porteuses à ossature bois, surmontées d’une toiture en panneaux CLT en pente vers l’intérieur.

Le langage esthétique, s’il suit la logique de construction, est apparenté sans être identique. La toiture asymétrique – qu’on ne peut que remarquer – permet une incidence lumineuse maximale par des impostes vitrées situées dans la façade. Les quatre puits de lumière apportent de la clarté et offrent une vue sur les arbres autour du pavillon. Les vues et la connexion avec le jardin sont les principaux facteurs qui ont présidé à la conception de l’enveloppe extérieure. Côté rue, l’atelier se présente tel un volume fermé, avec une double porte d’entrée sous des puits de lumière en angle. Le bâtiment, qui manifeste une certaine réserve en s’écartant du jardin, s’ouvre toutefois entièrement sur la végétation. Si une porte de communication directe est présente dans la façade sud, le véritable lien avec la végétation s’effectue via la façade ouest, entièrement vitrée et orientée vers le cœur du jardin arboré.

Pour faire le pendant des panneaux de façade goudronnés de Pêtre et Tanghe, Studio mxmxm propose une structure et un garnissage lasurés en noir. À l’intérieur, la structure est beaucoup plus claire. Entre les éléments de l’ossature bois – elle aussi lasurée en noir – se trouvent des panneaux en épicéa de couleur claire, au-dessus desquels s’élève le toit, dans une teinte identique, ce qui renforce l’autonomie du pavillon par rapport à la maison. À l’intérieur, l’architecture guide l’incidence lumineuse et les couleurs de la nature. La sobriété de l’espace se pare de vert, de bleu et de jaune. Un environnement inspirant pour l’artiste.