Miniaturistes

À l’instar des ébénistes, qui achevaient leur apprentissage en réalisant une miniature précieuse, Laboratoire livre son premier projet sous la forme d’une micro-architecture raffinée. Avec ces deux « shelters » installés près de Modave, le jeune bureau liégeois restructure le site du restaurant La Roseraie et, dans un cadre qui invite au luxe, fait le pari de la compacité.

Tout commence par la renaissance d’un restaurant familial, repris par l’héritière, Marie. Reconvertie au métier de cheffe, elle doit se confronter à l’extension de son établissement : et si la maison, en plein rajeunissement, proposait des nuitées insolites, en bordure du bois? C’est une chance que saisit Maxime Faniel, architecte et parent de la restauratrice. Avec ses associé.e.s, Florence Jacques et Arnaud De Francesco – Laboratoire –, ils se lancent dans cette première commande, et y répondent à toutes les échelles : celle du site, et celle de la miniature.

On peut les qualifier de spectaculaires, ces deux nouvelles chambres d’hôtel, ou « shelters ». Une forte impression qui s’explique par leur qualité de réalisation, d’une rare précision. Ces deux cabanons diaphanes et envoûtants – aux reflets infiniment variables – feraient presque oublier que le travail des architectes ne s’est pas limité à ces miniatures sophistiquées. Car Laboratoire a pris le soin de requalifier l’ensemble de la parcelle, qui en plus de jouxter une zone Natura 2000 et un oppidum, est dotée d’une serre du 19e, d’une modernité inédite pour l’époque. Jusque-là oubliée, cette construction légère attendait son rôle exact sur le domaine. Laboratoire choisit l’implantation des « shelters » de façon à réintégrer la serre à la composition d’ensemble. La serre articule désormais la villa abritant le restaurant, rénovée elle aussi, avec les nouvelles constructions.

Ce n’est pas tant le master plan, prévoyant dix « shelters » au total, qui a soulevé les inquiétudes de l’administration, mais le matériau de façade : un bardage en verre préfabriqué, au sujet duquel il a fallu convaincre. Profilé en U, le verre fait pourtant subtilement écho à la serre ancienne.

À l’image de celle-ci, Laboratoire a voulu concevoir un objet architectural léger, démontable, aux fondations minimales. Une difficulté stimulante, et un impératif, car il a fallu tenir compte de l’usage ininterrompu des lieux : les « shelters », dont la structure est en CLT, sont assemblés « comme un puzzle », en quelques jours. Il n’a pas été facile, non plus, de trouver l’équipe qui mettrait en œuvre les éléments de verre, tant leur utilisation, en miniature, était nouvelle. C’est à Liège que Laboratoire a trouvé ses partenaires pour cette opération délicate : la vitrerie Duchaine, dont on peut saluer la prouesse technique.

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