Publié le 19.06.2023 | Texte: Pieter T’Jonck | Photos: Maxime Vermeulen - Johnny Umans

A+302 Tackling Water at the Source

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Aux 19e et 20e siècles, l’homme a tenté de dompter l’eau en corsetant les ruisseaux et les rivières dans des digues et en asséchant les terres pour l’agriculture, mais aussi pour le tourisme. Le bord de l’eau et les zones humides, ces lieux jadis pleins de dangers, sont devenus des lieux de villégiature très prisés. Pour la nature, en revanche, ce fut une catastrophe. De plus, l’eau ne se laissait pas facilement apprivoiser : bien que le sol soit drainé et asséché, les inondations sont devenues de plus en plus fréquentes parce que le lit de nombreux cours d’eau était devenu trop étroit. À Chevetogne, l’Atelier Paysage a montré comment rétablir une zone humide naturelle tout en veillant à ce qu’elle reste accessible aux amoureux de la nature et aux touristes.

En 1969, la Province de Namur achète le domaine de 453 ha autour du château de Chevetogne, conçu 100 ans plus tôt par Hendrik Beyaert pour le baron Jacques de Wykerslooth de Rooyesteyn. La Province décide alors de réaffecter le domaine en zone de tourisme social, avec notamment un camping-caravaning sur les berges du ruisseau du Molignat qui s’écoule d’est en ouest vers les étangs de Chevetogne. Juste avant de s’y jeter, il rejoint le ruisseau du Mivau, qui arrive du nord.

Jusque dans les années 1970, la vallée était une zone humide, un lieu ouvert, riche d’une faune et d’une flore très diversifiées, au cœur d’une zone densément boisée. C’était un « écotone », néologisme désignant une zone naturelle entre des écosystèmes aux caractéristiques différentes. Un paysage de ruisseaux et de marécages est un exemple type d’« écotone » : au fil des saisons, le cours d’eau s’élargit ou rétrécit. Ces conditions changeantes créent un écosystème unique.

Le camping a détruit cet écosystème. Il ne proposait pas moins de 400 emplacements, et donc un réseau dense de routes pavées ou asphaltées pour y accéder. Pour optimiser le terrain exploitable, le Molignat fut confiné entre des berges bétonnées. La connexion aux étangs, elle aussi, avait fait l’objet d’une intervention tout aussi musclée. Une route de liaison fut en outre construite, passant au-dessus de la vallée au sud-ouest du camping. À certains endroits, elle descendait quasiment jusqu’au niveau de l’eau, avant de remonter pour suivre les berges des étangs vers l’ouest.

Coincé entre ses digues, le Molignat se déchaînait régulièrement de manière inopinée en débordant rapidement, occasionnant au passage d’importants dégâts. La Province se rendit compte qu’une nouvelle approche était requise. Sous la houlette du paysagiste Benoît Fondue, un plan directeur fut élaboré pour remettre le terrain dans son pristin état, sans le priver de sa fonction récréative.

C’est l’Atelier Paysage qui concrétisa ce plan directeur. La première phase des travaux fut achevée en 2021, tandis que la seconde est toujours en cours. Le résultat est tout à fait spectaculaire. Pour commencer, le terrain dédié au camping a été réduit de manière drastique : il a été ramené à l’espace à droite de la cabane en rondins située à l’entrée du terrain. Du côté gauche, le terrain a été complètement retourné sur une longueur de près de 2 km. Les allées entre les caravanes ont été supprimées, tout comme les berges bétonnées. Le lit du ruisseau a ensuite été élargi et approfondi, et des mares particulièrement profondes ont été creusées le long de celui-ci. De petits cours d’eau sortant du bois alimentent les étangs en eau quasiment stagnante.

L’élargissement du lit du ruisseau n’a pas été la seule intervention visant à rétablir la zone humide. Comme avant, l’eau du ruisseau ne s’écoule plus sans obstacle vers les étangs en aval. L’une des interventions les plus spectaculaires du projet l’en empêche. Là où la route croise les étangs au sud de la vallée, les concepteurs ont démoli le revêtement ainsi que toutes les canalisations. Ils ont excavé le sol pour placer une construction en peigne composée de bandes de béton perpendiculaires au sens de circulation et parallèles à l’écoulement de l’eau. Ces bandes de béton sont espacées d’environ 30 cm.

(…)

Architect Atelier Paysage
Website atelierpaysage.be
Project name Wetlands – Chevetogne
Location Chevetogne

Programme The project involves restoring the countryside to a semi-natural landscape made up of wetlands.
Procedure Open call competition
Client Province of Namur

Execution architect Technical department of the province of Namur and management of the parc
Structural engineering Arcadis
Completion June 2021

Total floor area 40,000 m2
Budget € 1,350,000 (excl. VAT and fees)
Product/Supplier Eecocur (landscape and hydraulic works)

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