Bungalow avec vue

À Bazel, dans l’est du Pays de Waes, Bovenbouw a construit un bungalow de couleur noire sur un terrain en pente. De manière subtile et légèrement ironique, l’habitation joue avec des éléments locaux ou internationaux.

Pour les générations actuelles d’architectes en Belgique, la maison individuelle en lotissement reste une possibilité, même si elle est généralement l’exception dans une œuvre. C’est une façon de réaliser la beauté architecturale – cette catégorie devenue aussi évidente qu’impossible, remplacée par la notion plus vague de «qualité» – dans un projet basé sur l’isolement d’une part, mais qui reste omniprésent d’autre part. C’est l’un des nombreux paradoxes de l’habitat suburbain : une maison semble revendiquer de diverses manières un paysage ouvert à 360 degrés, alors que les voisins de gauche et de droite sont à moins de dix mètres.

Exemple devenu canonique dans lequel cette situation est portée à son comble, la maison Bern Heim Beuk créée en 2011 par De Vylder Vinck Taillieu est à la fois remarquable et banale : toutes les prescriptions relatives à la taille de la parcelle, à la forme de la construction et aux distances sont respectées, mais aussi agrandies et exposées. Dans la même ligne, mais davantage conceptuelle et géométrique, la villa réalisée en 2012 par Office Kersten Geers David Van Severen à Buggenhout constitue un exercice contrôlé d’inversion, d’isolement et de démarcation. À ce duo, on peut ajouter une réalisation récente de Bovenbouw : une maison relativement petite de plain-pied, à un kilomètre à peine de l’Escaut, dans le parc du château de Wissekerke, loti après la guerre. De vieux arbres feuillus, inhabituellement hauts, forment le décor où se dresse la maison et dissimulent presque complètement le voisinage, ce qui – du moins sur des photographies savamment cadrées – peut créer une impression pastorale inhabituelle en Belgique.

L’articulation du logement à travers l’architecture se manifeste de trois manières qui se renforcent mutuellement : le plan, l’utilisation des matériaux et l’organisation des perspectives. Comme la parcelle suit la pente vers la rivière, le toit plat forme une cinquième façade, comme une surface qui définit fortement l’aspect de la maison, avec une ouverture sur le côté gauche, un toit végétalisé rosâtre au centre et une bande de panneaux solaires sur la droite. À l’intérieur, un couloir central incurvé monte à travers la maison, au fil de marches et de petites plates-formes, avec les chambres, la salle de bain et le débarras à droite, la cuisine et le salon à l’arrière, donnant sur le jardin. Les murs sont en brique, mais comportent différentes couches: les couleurs claires et les motifs alternent de manière sophistiquée, tandis que l’extérieur est peint en noir. Le résultat ressemble à un gros morceau de chocolat noir, dont un coin cassé révèle une garniture étonnamment savoureuse.

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