Impact environnemental des dalles alvéolées


La Ville de Roulers a prouvé que le béton est une alternative entièrement durable à la construction en bois. La structure en bois du futur hôtel de ville a été transformée en une structure en béton préfabriqué, tout en conservant le label de durabilité envisagé BREEAM “Excellent”. Il est donc logique que le béton obtienne de bons résultats dans une étude récente de la KU Leuven.
La KU Leuven a réalisé en 2020 une étude ACV (analyse du cycle de vie) comparative d’un immeuble d’habitation. L’étude montre que l’impact environnemental du bois n’est inférieur que de +/- 5% à celui du béton. Toutefois, ce résultat doit être nuancé.
Premièrement, il y a la marge d’inexactitude des impacts environnementaux calculés. La version TOTEM appliquée utilise principalement des données environnementales génériques provenant de la base de données Ecoinvent, de sorte que le résultat montre une certaine variabilité. Une différence de 5 % ne devrait certainement pas être considérée comme significative à cet égard.
Deuxièmement, la durée de vie supposée dans TOTEM est fixée à 60 ans. Si l’on tient compte de l’espérance de vie réelle, la différence entre le béton et le bois se réduit. Pour garantir une longue durée de vie, une grande adaptabilité du bâtiment est importante. Les dalles alvéolées précontraintes sont ici indispensables, car elles permettent de créer de grands espaces ouverts qui peuvent être divisés librement et de manière adaptable. La construction d’un bâtiment adaptable en béton préfabriqué entraîne davantage d’émissions de gaz à effet de serre, mais ces charges écologiques supplémentaires sont amorties par une prolongation de la durée de vie limitée.
Troisièmement, les résultats ne doivent pas être généralisés. En effet, outre les matières premières utilisées et le site de construction, la structure et la morphologie d’un bâtiment exercent une influence majeure sur le résultat des calculs de l’ACV.
Quatrièmement, le module de l’ACV sur la réutilisation et le recyclage est ignoré dans TOTEM. Cependant, cela peut réduire l’impact environnemental d’un bâtiment. Il est techniquement possible de démonter un plancher porteur composé de dalles alvéolées préfabriquées en éléments individuels qui peuvent être réutilisés. De tels projets ne tarderont pas à se concrétiser en Belgique. Si la réutilisation n’est pas possible, il reste encore le recyclage. Le béton peut être recyclé à 100 %, encore et encore. La plus grande partie est utilisée dans les fondations des routes, une petite partie comme agrégat dans le béton. De plus, cette dernière application n’est pas meilleure que la première. Cela s’explique par le fait que, dans les deux cas, des matières premières primaires similaires sont remplacées.
Cinquièmement, TOTEM ne tient pas compte de l’inertie thermique du bâtiment. Pourtant, il s’agit d’une caractéristique importante qui affecte la performance énergétique d’un bâtiment. Les futures mises à jour de TOTEM quantifieront plus précisément la consommation d’énergie opérationnelle pour le chauffage et la climatisation afin que l’utilité de l’inertie thermique soit correctement prise en compte. Cela joue en faveur du béton.
Et enfin, sixièmement, il n’y a pas de consensus sur la façon dont le carbone biogénique des produits du bois, libéré ou absorbé au cours du cycle de vie, devrait être modélisé dans l’analyse du cycle de vie. Néanmoins, il est impératif que les calculs des émissions de gaz à effet de serre soient effectués de manière transparente et comparable afin d’éviter les informations trompeuses.
Les concepteurs et les architectes jouent un rôle crucial dans la transition vers un secteur de la construction circulaire. Outre l’allongement de la durée de vie et la possibilité de réutilisation, ils peuvent également apporter leur contribution en se concentrant sur l’efficacité des matériaux. Le choix de dalles alvéolées précontraintes, au lieu d’un plancher-dalle en béton coulé sur place, peut réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 12 %. Le processus de production industrielle des dalles alvéolées précontraintes permet également de réduire la consommation de béton d’environ 54 % et la consommation d’acier d’environ 86 % par rapport à un plancher coulé sur place.
Les arguments ci-dessus montrent que le béton préfabriqué peut être utilisé dans les bâtiments durables. De plus, les efforts actuellement déployés par l’industrie du ciment et du béton permettront de réduire encore davantage l’impact environnemental global du béton. Entre-temps, les premières étapes vers l’utilisation de liants alternatifs dans le béton ont également été franchies, ce qui rend réaliste la poursuite de la durabilité de l’industrie du béton.
La version longue de cet article, y compris les références, se trouvent sur le site www.febefloor.be.