Bernard Dubois cultive le doute et les contradictions de l’architecture. Le 3 avril, il présentera son travail à Anvers dans le cadre de la série de conférences Across. Kristof Geldmeyer du bureau Vincent Van Duysen introduira la conférence.

Qu’ont en commun un béton brésilien et une enfilade de pièces haussmanniennes ? Les supermarchés BEST et les agencements spatiaux de Sol Lewitt ? Le béton tel que travaillé par Auguste Perret et la pierre telle qu’appliquée par Philipp Johnson ? Dans l’oeil de Bernard Dubois, ces moments architecturaux appartiennent à un vaste catalogue de formes et de matières dont l’architecte se doit de mettre en question les liens entre forme et signification. À la manière d’un Durand, Bernard Dubois élabore son propre catalogue de résolutions, de détails et d’outils qu’il se plait à bousculer.

Bernard Dubois se saisit des moments d’ambiguïté de l’histoire de l’architecture et se joue de leurs contradictions. Il croise les systèmes de référence avec finesse et humour. Dans son récent magasin pour Zadig et Voltaire, à Paris, il se saisit des enchainements et de résolutions spatiales de l’arcade de la Rue de Rivoli : corniche, moulure, encadrement… Il y superpose un système de référence contradictoire fait de béton projeté selon un profil triangulaire, de joints creux et d’un mobilier en acier tubulaire. La juste résolution en termes de technique et de matérialité est une évidence, une part masquée de son travail.

En hommage peut-être à ses premières amours, Dubois prend un malin plaisir à mettre l’espace en doute par les médias qui les communiquent. Ses photographies grand-angle en contre-plongée du mobilier pour la boutique Valextra à Milan comme à Paris montrent des éléments massifs, immenses et évoquent des architectures monumentales, tandis que ses photographies d’espaces domestiques, frontales et resserrées, en soulignent le caractère sacral.

Dubois revendique pour la contemporanéité un nouvel éclectisme architectural fait de l’hybridation soignée de références. Ces références qu’il sollicite émanent des moments de tension et de contradiction de l’histoire de l’architecture du 20e siècle. Niant par essence l’existence de révolutions en architecture, Dubois décrit l’histoire de l’architecture comme une succession de moments en lien les uns avec les autres et avec leur temps, mais dont la charge symbolique se consume dès son apparition. De l’héritage philosophique de Lyotard, Dubois souligne par l’absurde les fissures dans les grands récits architecturaux.

Ses interventions spatiales comme la manière qu’il choisit de les montrer témoignent avec délicatesse de l’affection que Dubois porte aux moments de doute et de contradiction dans le champ architectural, et contribuent à inventer de nouveaux liens iconoclastes entre esthétique, technique et idéologie.

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Infos pratiques

3 avril 2018, 20.00
deSingel, Muziekstudio (Desguinlei 25, 2018 Anvers).
En Anglais/Néerlandais

Soutien: Fédération Wallonie-Bruxelles, Vlaamse Overheid, Région de Bruxelles-Capitale

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