Stabilité contre flexibilité
Sergison Bates - BULK, SD Worxs, Anvers

Le concours du nouveau siège social de SD Worx est remporté par l’équipe des architectes londoniens Sergison Bates en collaboration avec BULK architects. De nouveau, une alliance victorieuse entre une vision internationale et celle d’architectes locaux. Le concours, remporté il y a déjà plus d’un an, valorise un projet occupant une place de choix au sein du quartier Het Eilandje d’Anvers. Dans ce site compact, le long de la rive est de l’Escaut, les architectes rejouent la carte désormais inévitable du durable, avec un bâtiment capable de s’adapter tout en offrant une image stable pour la ville.
L’aspect durable du bâtiment semble être la principale préoccupation. Il est étudié en parallèle d’une flexibilité permettant une évolution constante du programme. En effet, le projet se destine à un programme de bureaux mais veut laisser la porte ouverte à une potentielle reconversion en logements par la suite. Le bâtiment doit être capable de s’adapter à un avenir incertain et pourtant être enveloppé d’une peau constante.
Le modèle constructif est hybride. Il allie un socle pour un hall commun constitué de colonnes en béton préfabriquées en biseaux et de dalles coulées sur place. Puis, deux volumes de tours d’hauteurs différenciées s’élancent au-dessus du socle selon un squelette modulaire en CLT et des dalles de plancher perforées du même matériau. Les choix architecturaux sont principalement tournés vers cette recherche de durabilité et de confort des usagers. La surchauffe due aux rayonnements solaires est minimisée par l’ombrage des brise-soleils et la profondeur des ouvertures est modulée pour optimiser l’apport de lumière en fonction de l’orientation de chaque façade.
Les espaces de travail évoluent. On sort du modèle de la typologie du bureau classique en inventant désormais des lieux multiples, plus informels, comme des postes de concentration, des points d’ancrage, des coins-cafés, etc. L’usager peut alors choisir l’environnement qui convient le mieux à la tâche qu’il souhaite effectuer et ne stagne plus derrière son poste de travail toute la journée.
Un réseau d’espaces verts et ouverts est mis en place avec des éléments multiples comme une toiture-terrasse au-dessus du socle, mais aussi jardin d’hiver, auvent, terrasse panoramique, loggia, etc. Cette série joue un rôle important dans la gestion de l’eau et les mécanismes thermorégulateurs du bâtiment, en plus d’offrir des lieux de détente. Le socle poreux se laisse traverser et crée de nouveaux itinéraires piétons en continuité avec l’espace public.
Derrière cette mise en valeur d’un nouveau bâtiment durable, il semble nécessaire de ne pas omettre le choix non négligeable de démolir les deux bâtiments existants du site. Construits dans les années 1980, ils sont jugés inefficaces d’un point de vue structurel pour la flexibilité recherchée par le client et pour répondre aux normes de durabilité, selon le rapport d’analyse de reconversion mené lors de la phase préliminaire. Leur démolition implique cependant la mise en place d’un inventaire afin de réutiliser potentiellement les matériaux dans le futur projet ou de les réinjecter dans la chaîne de production du réemploi.