Publié le 23.09.2022 | Texte: Amélie Poirel

Le paysage aux abords de la place emblématique de Notre-Dame sera façonné par le bureau belge Bas Smets, accompagné des architectes parisiens Grau et Neufville-Gayet. Leur proposition radicalise le parvis à la manière d’une clairière délimitée par une nouvelle végétalisation. Le projet ne se limite pas au “monde du visible”, un autre paysage intérieur invisible se poursuit sous terre. En lien avec la Crypte et la Seine, il offre de nouvelles déambulations.

Le drame de l’incendie de 2019 a néanmoins eu un bienfait. Il a redonné un caractère d’actualité au projet de réaménagement des abords de Notre-Dame qui avait été amorcé quelques années plus tôt sans aboutir. L’enjeu est aujourd’hui de rendre à l’édifice son état initial mais également de le faire dialoguer avec son contexte étendu.

À la fois sobre et monumentale, la place joue évidemment son rôle de mise en scène de l’objet principal. Tel un prolongement, le calepinage de la pierre qui revêt le sol est identique à celui à l’intérieur de la cathédrale. Sans se limiter à ce statut de mise en valeur, la place use également d’un ingénieux système pour répondre aux besoins liés au réchauffement. En cas de forte chaleur, l’eau de pluie stockée se déverse. Elle ruisselle grâce à la légère inclinaison de la place et suscite une évaporation rafraîchissante. L’eau, élément symbolique face à l’incendie, offre ici une expérience climatique nécessaire et récréative pour ses nombreux visiteurs à la recherche d’une émotion particulière.

Tout comme les trois autres projets présentés, celui de Bas Smets propose une nouvelle entrée vers la Crypte souterraine qui relie également le quai Maurice Carême. On emprunte soit les grands escaliers, soit les ascenseurs pour le rejoindre. Si bien que le quai devient accessible par tous. Plus délicats que ceux des autres propositions, les escaliers sont disposés au sein de la végétation, à proximité certes, mais à l’écart de la surface immuable de la place.

La trame existante du parking souterrain rythme ce qui devient un nouveau passage intérieur piétonnier. Sa structure de piliers cadre le regard en s’ouvrant vers la Seine d’un côté et vers la Crypte de l’autre. Cet assemblage de béton, pierre et terre offre de nouveaux usages. Parmi eux, un café à l’ombre du passage apporte une proximité avec l’eau. Le mur de soutènement du quai est percé sur les quatre travées centrales. Il permet ainsi une certaine porosité tout en conservant son aspect monolithique avec ses grandes piles.

À la manière d’un “bâtisseur du paysage”, la façon de concevoir de Bas Smets rappelle l’imbrication des deux disciplines. Le paysage et l’architecture naissent d’une réflexion commune sur la ville et sa résilience. Bien au-delà d’une pensée naïve sur l’apport de végétation dans la ville, le bureau Bas Smets réfléchit en termes d’écosystème et de séquences. Il porte une attention particulière à chacun des éléments qui font le paysage. Finalement les décisions sont très évidentes, peu surprenantes, car elles sont le reflet d’une sensibilité du déjà-là. La force du projet est de réussir à créer un nouvel imaginaire en lien avec notre temps tout en respectant ce paysage iconique.

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