Baukunst à Namur : le TreM.a




Le TreM.a est un musée de la Province de Namur qui abrite plusieurs Trésors d’art ancien en plein centre historique de Namur. Le projet d’agrandissement et de rénovation a été confié à BAUKUNST et à Barbara Van der Wee. L’Hôtel de Gaiffier d’Hestroy et ses dépendances intégrant l’entrée sont classés comme monuments et le programme vise à pousser la surface-plancher de 1500 à 3750 m2. Un tour de force quand on sait que sera préservée la configuration initiale de la demeure entre cour et jardin.
Cinq équipes ont concouru : AM Noa / Binario, ORIGIN-LRA-VOET, archipelago – Mangado y asociados – EMPTY, NIETO SOBEJANO – SPECIMEN – KORTEKAAS et donc A.M. BAUKUNST – Barbara Van der Wee Architects. Le contexte est stimulant car face à l’église St Jacques le musée s’intercale entre la rue de Fer, l’artère commerçante principale avec l’Hôtel de Ville, et la venelle des Capucins qui dessert la Bibliothèque communale, la cour de l’Institut Saint-Louis et le parking de l’Hôtel de Ville
Le bâtiment principal remonte à 1730-1745 et les dépendances à 1768, signées par François-Joseph Beaulieu. Transformé en musée en 1964, l’endroit a hébergé un temps la discothèque provinciale et la première présentation d’œuvres de Félicien Rops. La scénographie de ce « Musée provincial des Arts anciens du Namurois » était due à Corneille Hannoset. Les collections sont constituées de pièces des Pays-Bas bourguignons relevant notamment de la sculpture mosane du 12e au 16e siècle avec de magnifiques retables ou des artefacts de diverses guildes. Elles comprennent aussi le plus important ensemble d’œuvres du peintre Henri Bles (ca. 1500-1555). Á quoi il faut ajouter depuis 2010 le Trésor d’Oignies, joyau d’orfèvrerie du 13e siècle mis en dépôt par la Fondation Roi Baudouin. L’appellation TreM.a ne renvoit pas au signe diacritique mais à ces Trésors du Moyen Âge.
Transformé partiellement plusieurs fois, le musée était malgré tout à l’étroit, n’offrant même pas un accès PMR à l’ensemble des salles et manquant cruellement de locaux techniques et pégagogiques. La tentation de plusieurs équipes a été d’occuper tout ou partie du jardin ou de surélever l’avant-corps — jusqu’à phagocyter le bâtiment principal —, avec l’obligation implicite de creuser pour dégager des mètres carrés. La situation et le contenu exceptionnels appelaient un pari sur l’avenir et une profonde mutation. Les grandes lignes du projet lauréat : 1) les enveloppes des bâtiments anciens sont respectées et amplifient le séquençage général, 2) l’essentiel de la partie muséographique se déploie sous le niveau du sol dans la presque totalité de la parcelle via les reprises en sous-œuvre qui s’imposent, 3) les ajouts au-dessus du sol sont ponctuels et leurs spécificités affichent une passion pour les techniques radicales de construction.
Les parties anciennes largement affectées au fonctionnement du site, aux accueils des publics ou au centre de documentation, c’est la distribution du niveau -1 qui commande le nouveau dispositif. Sans nier le fonctionnement préexistant, un noyau de circulations verticales est accolé côté jardin et donne accès à deux espaces majeurs en sous-sol. La Nef, vvaste salle rectangulaire pour les collections de référence, sous le jardin, doublée de vastes réserves au niveau -2, et à l’opposé la salle du Trésor d’Oignies, en hémicycle sous la cour d’honneur, le « chœur » de la visite. De plus petits locaux à possibilités multiples occupent les espaces résiduels. S’en dégage l’impression d’une sorte de crypte d’ampleur basilicale en béton armé dont les irrégularités tiennent à la forme de la parcelle et au bâti sus-jacent.
Ce choix permet de restituer les deux espaces extérieurs en leur ajoutant de puissants éléments d’architecture. La cour d’honneur est couverte d’une verrière à fine structure acier, l’ovale central supportant des voiles conçus par Chevalier Masson au titre de l’intégration d’œuvre d’art. Elle devient ainsi le foyer d’innombrables activités. Le volume des circulations verticales est adjoint sur toute la hauteur d’un cylindre elliptique aveugle appelé rotonde. Il est destiné aux expositions temporaires. Enfin à l’extrémité du jardin un pan de toiture en pergola tranche l’espace en débord sur la venelle. Il abrite des accès aux sous-sols et favorise les activités en plein air.
Une évidence : le dialogue franc et sans concessions entre l’héritage architectural et ce qui s’y ajoute est un Trésor à part entière, un de plus. Ce qui justifie d’aller au bout des vues des architectes, en particulier pour les détails les plus péremptoires. Contrebalaçant les inévitables sortilèges numériques, le TreM.a offrira aux publics une expérience auprès d’œuvres magnifiées par une architecture au dépouillement riche de sens.
Le dossier du concours est accessible ici.
Notice de l’Inventaire du Patrimoine Immobilier Culturel de l’AWaP
Site du TreM.a
Le marché a été attribué le 23 décembre 2021. Budget estimé : 13 000 000 €. L’étude d’un programme affiné est en cours.