Publié le 21.02.2023 | Texte: Amélie Poirel | Photos: AgwA – Matador

En tant qu’acteurs du bâti bruxellois, les mandataires que sont la SLRB, talent.brussels et SASLS visent pour leur nouveau siège un projet en adéquation avec leurs préoccupations constructives. Les deux bâtiments existants, situés sur une parcelle le long de l’avenue de la Toison d’Or d’un côté et la rue Jourdan de l’autre, se positionnent au cœur de l’effervescence bruxelloise, non loin de la commerçante avenue Louise. Cette centralité implique une densité bâtie avec laquelle l’équipe constituée d’AgwA et Matador a su souligner les qualités et saisir l’opportunité de réaliser un projet engagé sur les questions du réemploi. Les autres participants au concours étaient Baukunst, DXA, Low architecten et Marger Nielsen.

Le principe directeur est de ne pas détruire mais de déconstruire, se servir de l’existant en le « remaniant ». Par ce biais, on déconstruit à la fois le bâtiment, mais aussi les idées préconçues qu’une rénovation induit une démolition. Ici, on cherche à réutiliser tous les éléments possibles : portes, châssis, cloisons, etc. En Belgique, pays où est né le collectif Rotor, précurseur du réemploi à l’international, il est encore difficile et pourtant essentiel de continuer ce qu’ils ont introduit. Cette démarche à l’écoute du déjà-là est aujourd’hui le « support d’une nouvelle esthétique » selon Matador. On peut dès lors ressortir les qualités d’un site simplement en tissant des liens entre les éléments présents. Le projet cherche ainsi à connecter les deux bâtiments existants, à l’identité formelle et spatiale déjà conséquente, en renforçant cette densité.

L’intervention se situe principalement dans le socle qui connecte les deux édifices et donne lieu à un espace collectif. Ce socle contient les espaces communs et conserve la structure existante. Cependant, celle-ci est retravaillée en soustrayant certaines dalles afin de créer une galerie en double hauteur, nécessaire à la connexion entre les deux bâtiments. Cette volonté du collectif se poursuit sur le toit de ce nouveau socle. Une proposition de terrasse extérieure commune permet un passage entre les deux bâtiments et plus largement une percée entre l’avenue de la Toison d’Or et la rue Jourdan.

Dans les étages, le projet fonctionne par soustraction. Il convient de conserver la structure existante et d’enlever le surplus pour créer davantage de porosité avec de larges plateaux ouverts. En retirant ou déplaçant simplement certaines partitions, on permet une perméabilité grâce à de nouvelles ouvertures sur les espaces de circulation. Dans ce champ de colonnes, une combinaison de « pièces architecturales » trouvent leur place au sein d’une même figure. Parmi elles, jardins, patios, cafétéria, auditorium, HUB, salle d’exposition, etc, chacune des pièces revendique sa propre identité. Une cour ouverte sur les espaces de circulation permet quant à elle de désenclaver et d’éclairer les lieux de passage.

Alors que la construction du Palais des Expositions de Charleroi s’achève (réalisé par Agwa et de vylder vinck taillieu), l’équipe d’AgwA et Matador fait ici écho au projet et réutilise les mêmes principes de conservation de la structure existante pour offrir un lieu qui multiplie les potentiels usages et invite à l’appropriation. L’équipe démontre qu’en soustrayant, donc en faisant moins, on peut offrir plus.

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