Planifier le campus?
A+ 50 ans d'archives
En 2023, A+ fête ses 50 ans d’existence ! À cette occasion, nous replongeons dans les riches archives de la revue et rééditons d’anciens articles en lien avec la thématique abordée dans la nouvelle publication. Pour ce numéro, retour sur les revues A+067 (1980), A+107 (1990), A+143 (1996), A+177 (2002) et A+224 (2010).
A+303 On Campus: Designing Higher Education
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Pendant plusieurs décennies, nous avons cru pouvoir planifier les universités selon un masterplan épuré et cohérent, qui entendait surtout garder les campus à l’écart de la ville. Aujourd’hui, il semble qu’un plan préétabli soit la dernière chose dont nous ayons besoin.
Un plan cohérent
À la fin des années 1960, un masterplan cohérent, ambitieux et inspiré avait été élaboré pour le campus universitaire liégeois du Sart-Tilman (A+067, 1980). « L’architecture est devenue une contribution essentielle dans le “développement du parc” de cette “excroissance extra-urbaine”, et ce, pour protéger l’intérêt commun », écrira Jan Bruggemans à ce sujet (p.7). Nous savons à présent que ces campus extra-muros à la mode américaine s’avèrent péniblement monofonctionnels en raison d’une législation obsolète et trop stricte quant à l’aménagement des zones.
À cette même époque, une grille ouverte avait été conçue pour la Kulak, le campus local de la KU Leuven à Courtrai (A+143, 1996) : initialement inachevée et balbutiante, puis développée en une mégastructure au moyen de « colonnes vertébrales » et de traversées assurant des liaisons. Le résultat suit l’exemple liégeois, vu qu’ici aussi, le site est géographiquement isolé et qu’il n’est plus possible d’y insuffler de la vie et de l’urbanité.
Cette approche est en contradiction avec la vision actuelle de la relation entre la ville et l’université. On le sait à présent : l’université doit être la ville. D’où notre intérêt pour les articles consacrés aux institutions d’enseignement en tissu urbain.
Pour l’institut d’architecture Saint-Luc à Bruxelles (A+107, 1990), l’architecte Jean Cosse a très subtilement tenu compte, deux décennies plus tard, des rythmes étroits et verticaux présents partout dans l’environnement immédiat. De façon historisante et contre-nature, il a combiné ces caractéristiques à l’échelle beaucoup plus grande des exigences programmatiques.
Pour l’institut d’enseignement secondaire artistique Sint-Lukas à Gand (A+107, 1990), l’architecte Dirk Manesse voulait se détacher d’une « architecture travestie, déjà vue (…) une architecture du fait divers », et « il est certain que ce bâtiment fut conçu dans un aspect de frontalité (…), mais selon un modèle en mutation continuelle, repris dans la continuité de l’alignement des façades ». « Nous avons sciemment choisi une architecture compréhensible et porteuse d’une signification iconographique », écrivait-il par ailleurs. Aujourd’hui, nous pouvons probablement considérer ces propos comme une tentative voilée de décrire l’architecture néomoderniste de la fin du 20e siècle.


Un plan souple
Dans la quête d’une plus grande souplesse d’utilisation, l’histoire de l’Aula Rector Dhanis à Anvers (A+177, 2002) est sans doute intéressante. Nous sommes à présent au début de ce siècle. Cette fois, l’université s’adapte à la ville et disparaît dans ses replis. Cette salle, qui devait initialement être grande, fut scindée par les architectes Driessen-Meersman- Thomaes en plusieurs auditoires et classes plus petits et transformables, mettant ainsi en scène la dialectique entre les nouveaux bâtiments et les maisons adjacentes.
Les programmes sont trop grands pour la ville, mais, en dehors, ils sont voués à leur perte. C’est probablement pour cela que le forum universitaire de Beel-De Geyter architecten (A+224, 2010) est, de longue date, le premier bâtiment qui semble concerner tout le centre de Gand. Étant donné que toute forme de créativité artistique, d’expression sculpturale, de complexité recherchée ou de spectacle superflu a radicalement été supprimée, ce bâtiment rouvre la voie vers une confrontation réfléchie avec l’enseignement académique et l’institution universitaire.
Au-delà du « plan »
La principale leçon qui ressort de la liste de projets susmentionnée est qu’il s’agit de réponses architecturales et urbanistiques à des questions qu’il convient de resituer dans le contexte de l’époque. Aujourd’hui, nous nous posons d’autres questions et les réponses idéales semblent difficiles à trouver. Rédiger un programme pédagogique pour « demain » est en outre devenu quasiment impossible. Le visage de l’enseignement supérieur du 21<sup>e</sup> siècle, y compris l’adaptation aux besoins d’une société du savoir, n’échappe pas au maelström de processus de changement. La démocratisation, l’enseignement à distance, l’inclusion, la formation permanente, l’accompagnement à petite échelle, l’intelligence artificielle et la mondialisation ne tolèrent plus les contours rigides. C’est un écosystème d’enseignement supérieur totalement neuf qui va devoir être inventé.
Il devient urgent d’avoir une réflexion sur ce que la Flandre est, peut être et doit réellement être en tant que ville universitaire. Une vision innovante de l’imbrication du développement urbain et universitaire est vitale.
Une expérience extrêmement intéressante, mais volontairement pas « planifiée » jusque dans les détails, est décrite dans WTC Tower Teachings. Cet ouvrage rassemble de nombreux textes portant sur un an et demi de WTC24, décor temporaire de la Faculté d’architecture de la KU Leuven, au 24<sup>e</sup> étage du complexe WTC à Bruxelles. De l’avis général de celles et ceux qui ont contribué à cet ouvrage, ce fut une période fantastique qui a permis à la Faculté de réfléchir à la production architecturale et urbanistique à Bruxelles. L’expérience s’est déroulée concomitamment au plus grand traumatisme vécu par la ville.
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A+303 On Campus: Designing Higher Education
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