Publié le 19.10.2022 | Texte: Lisa De Visscher

Jusqu’au 5 décembre, dans le cadre de sa 6e édition baptisée Terra, la Triennale d’Architecture de Lisbonne présente des projets du monde entier qui, par des interventions spatiales, proposent une alternative à l’épuisement des sources d’énergie, aux inégalités socio-économiques et au changement climatique.

Les commissaires principaux Cristina Veríssimo et Diogo Burnay ont invité pour cela neuf concepteurs et créateurs qui, en duo ou en trio, ont assumé le rôle de commissaires pour chacune des quatre expositions qui constituent Terra.

Au Musée national d’Art contemporain (MNAC) a lieu l’exposition Multiplicity, avec comme commissaires le penseur Zimbabwéen Tau Tavengwa (African Centre for Cities) et l’anthropologue Vyjayanthi Rao (Terreform Center for Advanced Urban Research, New York). Ils présentent plusieurs processus collectifs ou informels issus du « Global South » (le Grand Sud) qui ont réussi à s’adapter de manière congruente aux conditions économiques ou climatiques changeantes et qui, ce faisant, remettent en question les méthodes de travail ad hoc habituelles.

Les jeunes architectes mexicains Loreta Castro Reguera et José Pablo Ambrosi sont les commissaires de l’exposition Retroactive, présentée dans la centrale électrique restaurée du musée MAAT. Elle présente des solutions architectoniques qui, au propre comme au figuré, donnent à une communauté spécifique un sentiment de lien (spatial). Un tiers de la population mondiale vit toujours dans une grande précarité en raison de la surpopulation, de la pauvreté et d’infrastructures médiocres. Cette exposition montre le potentiel d’intervention dans ces zones paupérisées et marginalisées, notamment le projet Tapis Rouge, une nouvelle place et lieu de rencontre créé par EVA Studio à Carrefour-Feuilles, en Haïti.

Au CCB – Garagem Sul, c’est la circularité qui est mise à l’honneur sous l’intitulé Cycles, avec pour commissaires la philosophe chilienne Pamela Prado en collaboration avec l’architecte chilien Pedro Ignacio Alonso. « En utilisant correctement l’énergie, l’eau, la main-d’œuvre humaine et les matériaux recyclés, Cycles se penche sur le rôle de l’architecture au sein des infinis processus de transformation et de redistribution des matériaux (de construction), et montre la convergence possible entre l’architecture et la durabilité, l’économie, le patrimoine et le souvenir », expliquent les commissaires. Ils ont notamment sélectionné BC architecten qui, par plusieurs vidéos présentées dans l’installation Architecture as Prototyping, expliquent comment ils transforment de la terre extraite localement en matériaux de construction dans l’entrepôt de Tours & Taxis à Bruxelles.

 

La quatrième exposition, Visionaries, avec plus de vingt projets, est quant à elle la plus imposante et la plus ambitieuse. Au centre Culturgest, dans les locaux d’une ancienne banque post-moderne, la commissaire Anastassia Smirnova, directrice de l’institut d’architecture SVESMI de Moscou, présente des projets visionnaires d’architectes, designers et ingénieurs qui « peuvent changer le monde de manière systématique et durable ». Pour deux des salles, elle a collaboré avec l’architecte indienne Anupama Kundoo et l’architecte belge Caroline Voet comme commissaires adjointes. Caroline Voet a conçu un espace dédié à l’œuvre de Dom Hans Van der Laan dont la quête visionnaire et radicale d’humanité au sein de l’architecture est illustrée par des dessins, un film sur l’abbaye de Roosenberg et même une soutane.

Visionaries présente par ailleurs une série de projets d’ORG Permanent Modernity qui, par des interventions paysagères en Mer du Nord, propose des modes alternatifs de production d’énergie. Alexander D’Hooghe (ORG) : « Il s’agit de systèmes maritimes de grande ampleur qui ajoutent des services écosystémiques en mer tout en contribuant à grande échelle à la transition climatique par la production d’énergie ».

Dans le cadre de la Triennale, plusieurs prix ont été décernés pour récompenser des projets de recherche et des projets d’étudiants, mais aussi un Lifetime Achievement Award. Ce dernier a été attribué à l’architecte Marina Tabassum du Bangladesh pour son œuvre qui, selon le jury, « réussit à générer des transformations technologiques par le biais de méthodes de construction traditionnelles ».

En marge du programme officiel de la Triennale, plusieurs expositions sont également organisées dans le cadre du programme « Off ». L’une d’elles, intitulée Tendency and Fact, est consacrée à l’œuvre de Baukunst, et en collaboration avec WBA et Architecture Curating Practice, Adrien Verschuere y présente une série de projets actuels. Cette exposition se base en partie sur celle intitulée Performance and Performativity, qui avait été organisée fin 2019 à Bozar en collaboration avec A+ Architecture in Belgium.

Comme lors des éditions précédentes, la Triennale d’architecture de Lisbonne se positionne à nouveau comme un modèle collectif de reconnaissance et d’échange de nouveaux savoirs et de pratiques alternatives fondés sur l’expérience et la recherche, pour leur donner de la visibilité et un grand retentissement au niveau mondial.

www.trienaldelisboa.com

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