Les Lions d’or de la Biennale de Venise 2023
Sous la présidence d’Ippolito Pestellini Laparelli, architecte et commissaire italien renommé, le jury de la Biennale de Venise a distingué un série de projets, parmi lesquels figure une intervention belge.
C’est au cœur de la Biennale d’architecture de Venise, que le pavillon brésilien a remporté le prestigieux Lion d’or de la meilleure participation nationale. Intitulée “Terra [Earth]“, cette intervention orchestrée par Gabriela de Matos et Paulo Tavares a su conquérir les cœurs du jury composé d’éminentes personnalités de l’architecture.
Le jury a accordé une attention particulière à la vision audacieuse et novatrice du pavillon brésilien. “Terra [Earth]” se distingue par sa capacité à réinterpréter le passé afin d’esquisser des futurs prometteurs. En harmonie avec le thème central de cette 18e Biennale, le ‘Laboratoire du Futur’, le pavillon offre une réflexion approfondie sur le passé, le présent et l’avenir du Brésil, en accordant une attention particulière à la terre en tant que point central des discussions. Elle aborde la terre à la fois comme un élément poétique et concret au sein de l’espace d’exposition. L’équipe curatoriale a par exemple recouvert intégralement le pavillon de terre, créant ainsi une expérience immersive pour les visiteurs. Cette approche permettra au public d’établir un contact direct avec les traditions indigènes et quilombolas, ainsi qu’avec la pratique religieuse du candomblé. En marchant sur la terre recouvrant le sol du pavillon, les visiteurs sont invités à s’engager physiquement avec les réalités culturelles et spirituelles brésiliennes.
“Notre proposition curatoriale commence par penser au Brésil en tant que terre. La terre comme sol, engrais, plancher et territoire. Mais aussi la terre dans son sens global et cosmique, en tant que planète et foyer commun de toute vie, humaine et non humaine. La Terre comme mémoire, mais aussi comme futur, interrogeant le passé et le patrimoine pour élargir le champ de l’architecture face aux enjeux urbains, territoriaux et environnementaux contemporains les plus pressants.”, expliquent Gabriela de Matos et Paulo Tavares.
Le Lion d’or du meilleur participant à l’exposition internationale “Le Laboratoire du Futur” a été décerné quant à lui à DAAR, abréviation de Decolonizing Architecture Art Residency. Ce collectif artistique fondé par Sandi Hilal et Alessandro Petti explore les liens entre l’architecture, l’art et la politique, en se concentrant sur la décolonisation, l’occupation et la résistance.
DAAR repense l’architecture et l’espace urbain dans le contexte de la Palestine occupée. Basé à Beit Sahour, près de Bethléem, le collectif a établi un centre d’art et de recherche qui sert de plateforme pour leurs projets et collaborations.
Leur approche critique et engagée remet en question les récits dominants, donnant voix à ceux qui sont marginalisés. Leur travail explore les questions de territoire, d’identité et de mémoire, en mettant en lumière les réalités vécues par les Palestiniens et les conséquences de l’occupation israélienne.
Parmi les autres distingués, l’artiste belge Sammy Baloji (Twenty Nine Studio), a été mentionné pour son installation intitulée “Aequare : the Future that Never Was“. Sa contribution au Laboratoire du Futur se déploie en trois chapitres, formant ainsi un récit éloquent sur un thème central : la dématérialisation du paysage et de la délocation des systèmes sociaux précoloniaux par l’action coloniale.
Le premier chapitre s’ouvre sur une projection cinématographique dans laquelle l’objectif se focalise sur le centre agricole de Yangambi, situé en République démocratique du Congo. Des images d’archives et de l’artiste s’y entremêlent en dessinant une fresque visuelle captivante.
Le deuxième chapitre présente des documents d’archives et des carnets de voyage d’expéditions en Indonésie par des agronomes et architectes belges. Ils visaient à importer les techniques belges en architecture et agriculture au Congo, à une époque où les aspirations coloniales régissaient les échanges culturels et techniques entre les nations.
Enfin, le troisième chapitre se consacre à l’histoire de l’architecte belge Henry Lacoste et de son projet de pavillon, conçu pour l’exposition universelle de 1935.
La Biennale d’architecture de Venise 2023 est maintenant ouverte au public jusqu’au 26 novembre 2023. Les projets récompensés démontrent une fois de plus que la Biennale offre un espace privilégié pour l’échange et le partage, permettant aux architectes, urbanistes et passionnés d’architecture du monde entier de s’immerger dans les débats et les tendances actuelles. La Biennale d’architecture de Venise reste ainsi une vitrine exceptionnelle de l’innovation architecturale et de la diversité culturelle qui enrichit notre monde.