Publié le 22.10.2021 | Texte: Guillaume Vanneste | Photos: Gafpa

A+286 Structure & Reuse

Cet article est disponible dans son entièreté dans A+286 Structure & Reuse. Commandez votre exemplaire ou abonnez-vous à A+ pour ne manquer aucun numéro !

L’architecture industrielle est rarement prise en charge par le projet d’architecture, engoncée dans des logiques économiques de standardisation fortement optimisée, pour ne pas dire appauvrie. Le bureau gantois GAFPA a réalisé un édifice artisanal pour l’atelier et les bureaux d’une entreprise de préfabrication de panneau de bois. Le projet propose de s’émanciper de certaines logiques de rentabilité et manipule la structure constructive justement là où l’industrie déploie d’habitude des éléments standards et génériques. 

La camionnette s’avance sur le parvis. Elle longe la façade, passe sous une poutre en treillis bois taille XL, rentre dans la cour puis, en marche arrière, dans l’atelier. La nef est haute et rythmée par une structure saillante béton bois, soulevant une toiture en tôle. Assez simple au premier regard. Les étagères empilent des panneaux de bois, toutes dimensions, toutes essences. Au sol, les découpeuses, ponceuses, agrafeuses dansent dans les bras de quelques gaillards vigoureux. Au soleil, qui pénètre depuis un bandeau vitré tout le long de la façade la plus longue. Les portes s’ouvrent. On charge le véhicule.

Au-dessus d’eux, la structure, rationnelle, trahit la logique économique de ce type d’édifices. Des poteaux béton supportent des poutres en lamellé-collé qui enjambent l’espace d’un trait. Entre, les remplissages sont en pré-murs béton. Sur les poteaux, des corbeaux soutiennent les rails du pont roulant. Le plan est ainsi rythmé par la répétition de onze travées régulières qui organisent trois parties du même volume : l’atelier, le patio et les bureaux et espaces servants dans la travée de tête. Si la parcelle est entièrement constructible au regard des règles d’urbanisme, les architectes proposent d’installer un retrait vis-à-vis des limites de terrain, au détriment d’un volume capable potentiellement plus grand. Structure et implantation deviennent alors les raisons d’être des qualités du projet, telles que la circulation longitudinale, la cour intérieure et les accès partagés entre bureaux et atelier ou encore le généreux bandeau de fenêtre en hauteur ou la valorisation d’une façade principale.

C’est en effet face au retrait longitudinal laissé libre que s’ouvre la « boîte » et se déploie une façade en bois coiffée d’un auvent supporté par de petites béquilles, particulièrement expressif. Elle s’interrompt au droit du patio où une grande poutre treillis supporte la toiture et magnifie la présence de cet espace central du projet. Cette façade en panneaux préfabriqués a été construite par l’entreprise qui occupe les lieux, spécialisée en préfabrication bois pour la construction. Une carte de visite grandeur nature. Le choix d’une structure assemblage bois béton est donc significatif et d’autant plus marquant en contraste avec le contexte très bétonné.

Le reste du volume, lui, est simple, une boîte, en béton sur trois côtés, calée sur la limite de terrain se fondant dans ce paysage de zoning artisanal en construction et répliquant docilement son langage. Ou presque. On a déjà parlé du retrait des limites constructibles. Il y a aussi les poutres en lamellé-collé, des pièces standard à double pente qui ont été retournées pour dessiner une toiture légèrement en pente qui s’achève avec l’avant-toit, abritant les livraisons. Dans sa gestuelle, la volumétrie aussi nous indique sobrement l’orientation du projet.

Et peut-être s’agit-il simplement de cela. Dans sa structure et son mode constructif, les parties du projet sont autonomes par rapport au tout. Et au sein d’un assemblage efficient, le projet instille de légères distorsions de l’ordinaire, des manipulations de la standardisation. Un toit en pente plutôt que plat, une façade en bois parmi les décors en béton. Pourtant, à aucun moment la lisibilité du dispositif constructif ne se rigidifie pour devenir valeur absolue. Au contraire, répétition et rythmique permettent une forme d’ambiguïté des espaces, qui semble toute préméditée quant aux fonctions qui prennent place ici. Une forme d’équivalence des gestes se met en place, un glissement des usages et des regards, qu’ils aient pour cadre les bureaux, la cour dehors ou l’atelier. Alors l’atelier devient showroom, les bureaux surplombent la cantine et les douches, les limites se brouillent, on prend l’apéro dans le patio, et le livreur est invité bien sûr.

Au sein de la rudesse de ce type d’environnement de projets industriels, l’architecture contemporaine a exploité d’habitude divers registres  : la boîte plastique, hermétique, le hangar décoré ou encore la symbolique. Ici, c’est dans le jeu d’assemblage et le détournement des éléments préfabriqués que se construit une forme d’architecture.

Architect GAFPA
Website gafpa.net
Official project name G1812 Houtbouwbedrijf Lab 15 Gent

Location Logboekstraat 10, Ghent
Programme Wood construction company with work shed and office space
Procedure Direct commission

Client Lab 15
Lead contractor Beeuwsaert Construct Ledegem
Structural engineering Beeuwsaert Construct Ledegem

Completion September 2020
Total floor area 1,700 m2
Budget € 1,200,000 (excl. VAT and fees)

À lire également

Inscrivez-vous à notre newsletter
  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.