Another Brick in the Wall

Pour ajouter deux extensions au complexe scolaire des Ursulines de Malines, Label architecture a dû jouer avec finesse de la densité existante et la généalogie des bâtiments. Utilisant la brique, matériau typique de l’architecture scolaire, le projet parvient à allier générosité et sobriété, et à tirer parti au mieux de la marche standardisée du programme « École de demain » du ministère de l’Éducation flamand.

De hauts volumes de briques se devinent, à peine quittée la Brusselsepoort. Au travers d’une impasse qui rejoint l’intérieur d’îlot, entre les textures mêlées des vérandas et des annexes ordinaires des maisons mitoyennes : des murs rouges aux joints bavants. Au loin, sonnent les clochers. Malines est une ville d’églises et d’écoles. Les églises se dressent haut par-dessus les toits et les écoles creusent de larges cours dans les îlots. Le complexe scolaire des Ursulines est construit d’une de ces séquences de pleins et de vides. À partir de son implantation séculaire, le complexe s’est développé dans un processus itératif d’ajouts et de transformations d’édifices bâtis dans lequel s’inscrit la dernière extension de cette école. Tout supplément demande pourtant de ménager avec justesse et précaution les vides qui organisent cette petite ville dans la ville.

Le projet de Label architecture ajoute sobrement deux volumes imposants, mais compacts et judicieusement ajustés au sein du complexe scolaire existant. Un premier volume au centre hiérarchise les cours des élèves secondaires et primaires et se connecte à une aile ancienne. Un second volume plus bas, entre les mitoyens est de l’îlot, recrée une cour plus intime et abritée pour les classes maternelles. Dans chacun des cas, le plan compact maintient avec peu de moyens une qualité générale dans la distribution des différentes parties du programme. Ce sont les deux belles grandes salles de sport qui ont calibré leurs gabarits. L’une s’enterre sous le sol, l’autre flotte au-dessus des classes, comme pour enfouir ou dissoudre ces mètres cubes qui auraient compromis l’équilibre de l’ensemble. Aux Ursulines, on joue au foot avec la cathédrale pour goal.

Si les volumes empruntent le matériau de la brique au vocabulaire de l’architecture scolaire, leurs allures artisanales, leurs gabarits droits et leurs rythmes réguliers brouillent la généalogie de cet îlot et semblent vouloir les replacer dans un passé révolu. Amusant quand on sait que le programme porté par le ministère de l’Éducation flamand s’appelle « école de demain ». Via des procédures qui associent dès l’avant-projet architectes et entreprise de construction, il se conduit selon une métrique très standardisée et contrôlée. Les matériaux mis en œuvre sont donc modestes et sobrement accordés. Ils confèrent une sorte de fausse banalité aux atmosphères intérieures. Dans les deux édifices, le plan est simple et pragmatique, un couloir central, tendu entre les cages d’escalier distribue six à huit salles de classe. Mais chaque fois, les éléments d’architecture et les espaces ont été dessinés avec une générosité qui dépasse le pragmatisme des revêtements. Un couloir très large, des impostes toutes vitrées, des circulations verticales en éclairage direct et finalement, des fenêtres de très grandes dimensions. Le fonctionnement de certaines parties du programme est également pensé pour permettre des activités extérieures à l’école.

À cela s’ajoute un ensemble de petits édicules, barrières, rampes, escaliers, porches et préaux. Des pivots et des filtres qui rendent confortables les parcours et les séjours des centaines d’élèves et enseignants d’une cour à l’autre, de la maison à la classe, du vélo au banc d’école. Ils articulent les différents espaces extérieurs, organisent les espaces dédiés aux plus grands ou aux plus petits, font office de portail d’entrée entre la rue et la cour de récréation. Ils se collent aux voisins, mêlant leurs briques à l’ancien avec amusement.

[…]